EXPOSITION LOUIS GRAVET

   Du 17 au 25 octobre 2015, le foyer rural a présenté une exposition consacré au photographe Louis GRAVET.

 



                                       PHOTOS


Le 14 février 1867 à Avesnes-sur-Helpe chef-lieu de canton du Nord, Julie GRAVET,  met au monde Louis, fils de père inconnu.
Julie GRAVET est  encore mineure, qui vit toujours chez ses parents. Son père est ouvrier boulanger, sa mère, ménagère, a donné vie à sept enfants, dont quatre sont décédés en bas âge.
Le 10 septembre1868 Julie épouse Jean BOIZET, né en 1830, journalier, de dix-huit ans plus âgé qu’elle,. Vers 1874 la famille part pour la Belgique à Charleroi. Puis ils reviennent dans le Nord, à Denain.
Vers 1885 Louis quitte Denain pour aller à Lille apprendre le métier de typographe. Il rencontre Julie Louise DERUYCK, couturière, née le 18 octobre 1872 à Lille. Il l’épousera le 15 février 1892. Ils n’auront pas d’enfants.
Employé avant 1900 à L’Écho du Nord, grand quotidien de la région, il était probablement typographe puis photographe. Il quitte Lille vers 1900 pour s’installer avec son épouse dans le Pas-de-Calais, à Billy-Montigny, tout d’abord comme imprimeur, puis photographe.
 Ses premiers clichés de Billy-Montigny tirés en série datent de 1903. Il édite ses premières cartes postales qui lui servent de support publicitaire à son atelier d’imprimerie et photographie.
Présent à Courrières en 1906 lors de la plus grande catastrophe minière européenne de tous les temps. Une série de clichés en témoigne.
Arrive la grande guerre en août 1914. Billy-Montigny, située sur la ligne de front, n’est pas épargnée.  L’atelier de Louis est détruit, comme beaucoup d’autres « réfugiés ». Il est contraint de quitter le Pas-de-Calais.
Louis et son épouse partent, et arrivent en Creuse en octobre 1914. Il est âgé de 47 ans.
En 1918, avant même la fin de la guerre, la très grande majorité des réfugiés repartiront. Louis et Julie, eux, resteront en Creuse jusqu’à la fin de leur vie, soit pour Louis une trentaine d’années.
 Dans un premier temps ils s’installent à Jouillat. Ils logent rue de la Gare (rue qui aujourd’hui a changé de nom) moyennant un loyer mensuel de 5 francs.
Reprenant son métier de photographe pour subvenir aux besoins du couple, Louis commence à faire quelques clichés de soldats en permission ou prêts à partir sur le front. Sur une fiche destinée au Service des Réfugiés renseignée par le maire de Jouillat en mars 1917, on apprend que le produit de son travail est « presque nul ». Les ressources du ménage résident essentiellement dans l’allocation aux réfugiés de 2 frs  50 par jour, soit approximativement le prix de 5 kg de pommes de terre.
Vers 1922, Louis et Julie viennent habiter à Glénic. Ils occupent dès lors une toute petite maison à pièce unique, sise au bord de l’actuelle RD 940 , à proximité du viaduc. Louis GRAVET demeurera là jusqu’à sa mort. C’est dans son grenier que 70 ans plus tard une partie de sa production photographique a été découvert, plaques de verre et cartes ainsi que son appareil.
Outre la photographie et l’imprimerie, Louis a une passion, la musique et la chanson. En 1910 déjà, à Billy-Montigny, il était président de l’Union Orphéonique.
Il apprend entre autres la guitare, instrument avec lequel on le retrouve en Creuse dans les années 30 sur des clichés de cavalcades ou bien posant pour des autoportraits. Il est tout à la fois auteur, compositeur, et interprète.
Il  participe activement à la vie et à l’animation de la commune de Glénic, dont il devient même le sacristain. Ainsi, le 24 juillet 1938, la section nautique du Rugby Club Guérétois organise une fête nautique qui connaît un grand succès.  Louis y prend part ; dans un article paru le 4 août suivant dans Le Populaire du Centre, les organisateurs tiennent à  « remercier M. Gravet, qui, poète, chansonnier et orateur, fit au micro un discours de bon accueil pour tous ceux qui étaient venus nombreux » et le journaliste précise que, « comme en Creuse, on aime rire et chanter, M. Gravet se fit chanteur et nous poussa avec son habituel talent, diverses chansons de son répertoire ».
Photographe ambulant, Louis GRAVET sillonne une grande partie du département, de Nouzerines au nord, à Aubusson au sud, Marsac à l’ouest…, déplacements qu’il effectuait  en train ou sur son  triporteur. Ceux qui l’ont connu se rappellent ce triporteur qu’il aimait mettre en scène sur ses clichés. C’est le cas sur un autoportrait très recherché qui se négocie actuellement aux alentours des 500 euros.
De toutes ses pérégrinations, il a rapporté de multiples clichés. Parmi toutes les photos retrouvées, il n’y a aucun paysage, et très peu de monuments… GRAVET laisse ce genre à DE NUSSAC et à d’autres photographes creusois.
Lui, il s’intéresse aux gens, de tous âges et de toutes conditions. Il réalise des portraits à la demande. Il les immortalise des temps forts de la vie rurale dans les années 30 : de nombreuses photos de classes d’école et de communiants, d’hommes au travail, de fêtes des conscrits, mais aussi, parce que les loisirs entrent progressivement dans les mœurs, de fêtes patronales, avec cavalcades et bien sûr fanfares, et même d’équipes de football…
Le 11 juillet  1934 il perd son épouse, Julie, qui décède dix ans avant lui à l’hôpital de Guéret. Il a alors 67 ans.
Louis n’est pas retourné au pays, et s’il a pu quitter la Creuse, c’est pour aller dans le Béarn, à Pau, rendre visite à son cousin Georges. En 1941 Louis est même membre actif et photographe agréé du Comité des Fêtes du Quartier Nord de la ville de Pau. Nous pouvons supposer qu’il y aura vécu un certain temps. Il avait alors près de 75 ans ! Combien de temps y a-t-il séjourné ? Je l’ignore, de même que j’ignore totalement comment il aura traversé les dernières années de la guerre et de sa vie.
Louis décède à l’hôpital de Guéret le 21 mars 1944 à 77 ans, dans la solitude, sans descendance.
Il n’aura fait fortune, ni avec ses cartes postales, ni avec ses photos. A-t-il pu imaginer un seul instant qu’un jour, plus de soixante-quinze ans après son décès, on lui rendrait hommage ? J’en doute. 
 






 




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